Le monde peut paraître un peu sombre ces derniers temps mais heureusement certaines œuvres nous offrent une lueur de réconfort. C’est pourquoi j’aimerais aujourd’hui vous parler de Ranking of Kings. Une pépite qui n’en n’a pas l’allure mais que je recommande chaudement à tous ceux qui ont besoin d’une petite dose d’onirisme.
L’histoire de Ranking of Kings se déroule dans un monde où les rois de différents royaumes sont classés en fonction de plusieurs critères : leur force, leur popularité, la satisfaction de leurs sujets, la prospérité des villes, etc. Bojji est un petit prince sourd, muet et dénué de toute force physique. Héritier du trône, il espère malgré son handicap se montrer digne de son père, le roi Bosse, et devenir le souverain “le plus génial du monde”. Mais le peuple et l’entourage de Bojji ne voit en lui que ses faiblesses. Un complot s'organise pour placer son frère cadet, Daida, à la tête du pays. Accompagné de son seul ami, Ombre, notre héros va alors partir à l’aventure pour trouver un moyen de développer ses qualités et de réaliser son rêve.
Sous ses apparences enfantines, Ranking of Kings cache une écriture d’une grande profondeur. L'œuvre utilise les ficelles classiques du conte et du manga shônen mais les prend à contrepied. À contrario de nombreux héros, le petit prince ne va pas essayer de briser la malédiction qui le rend pitoyable au yeux des autres mais il va apprendre à transformer sa faiblesse en qualité. Chaque personnage de l’histoire se voit offrir une occasion de nous surprendre et de gagner en profondeur en dépassant nos attentes. Ces moments rendent le récit bouleversant de justesse et de sincérité. Et il n’existe pas de personnage plus attendrissant et désarmant que le petit prince Bojji qui fait preuve d’une humanité et d’une résilience à toute épreuve.
Depuis le début de cet article, je suis volontairement restée vague sur la forme de Ranking of King en utilisant le terme "œuvre". La raison est qu’il existe plusieurs façons de la découvrir. Vous trouverez à la bibliothèque le premier tome du manga. Ne vous laissez pas décourager par le dessin simpliste qui peut en rebuter plus d’un. L’expression “ne jugez pas un livre à sa couverture” s’applique parfaitement ici. Pour la petite histoire, le manga a d’abord été publié en amateur sur internet avant d’être repéré par un grand éditeur au Japon grâce à l’engouement qu’il a suscité. Cependant, je vous conseille encore davantage l’adaptation en anime (disponible sur Wakanim et Crunchyroll). Cette dernière est une fabuleuse réussite. La Fédération japonaise des Sourds a supervisé le travail du studio d’animation pour créer une représentation fidèle du langage des signes dans l’anime. Voici la bande annonce :
Ranking of Kings est une œuvre toute en émotions et en subtilité. Une subtilité dissimulée même dans le nom de ses personnages. Pour finir, je vais donc vous révéler les significations plausibles cachées derrière chacun d’eux et qui pourront vous aider à comprendre encore plus finement l’histoire :
Bosse : vient de l’anglais “Boss”, c’est-à-dire le chef. Il est le roi, ça semble logique.
Bojji : (deux théories ici) le nom viendrait de “Bocchi”, qui signifie “qui est seul” en japonais + ôji (prince en japonais). On pourrait donc traduire Bojji par “prince solitaire”. Ou bien ça pourrait être la contraction de Bosse + ôji.
Daida : (là aussi plusieurs théories) dai = grand en japonais (en terme de stature). Daida est peut-être le diminutif de “Daidara-bocchi”, un gigantesque yokai (une esprit, une apparition étrange) ou alors le nom pourrait venir de “Pinch hitter”, qui se dit daida en japonais et signifie “joueur remplaçant” au baseball.
Hiling : vient de l’anglais “healing” = qui guérit
Apeas : si on mélange l’ordre des lettres, le mot devient “speaa”, prononciation japonaise du mot “spear” (“lance” en anglais) qui est l’arme utilisée par le personnage.
Dorshe : se prononce en japonais “Dorushi”. On mélange les lettres et ça donne “Shirudo” qui est la prononciation japonaise de “shield” (bouclier en anglais), encore une fois, l’arme du personnage.
Domas : viendrait peut-être de l’anglais “swordmaster” (maître épéiste) prononcé soodomastaa en japonais.
Bebin : stylisation du mot “hebi” en japonais qui signifie “serpent”, l’animal fétiche du personnage.
Desha : en inversant les lettres, le nom donne Hadès, le dieu des enfers de la Grèce antique.
Despa : sur la même logique, despa peut devenir “Spade”, c’est-à-dire “pique” en anglais ou bien il pourrait s’agir de la prononciation de “despair” (désespoir) en japonais.
Miranjo : le nom viendrait peut-être de “miraa”, prononciation japonaise de “mirror” et de “Majo” (sorcière).
À partir de 10 ans.
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